En fait, des enfants
travaillent de façon habituelle dans tous les pays
industrialisés et l'on trouve dans beaucoup d'entre
eux des formes dangereuses du travail des enfants.
Les Etats-Unis ne sont pas épargnés. Par exemple,
l'agriculture emploie des enfants, dont la plupart
sont issus de minorités ethniques ou de groupes
d'immigrants. Une enquête réalisée en 2000 sur les
enfants mexico-américains occupés dans les
exploitations agricoles de l'État de New York a
montré que près de la moitié avaient travaillé dans
des champs encore humides de pesticides et que plus
d'un tiers avaient été touchés par des
pulvérisations.
Ce serait près de 5 millions d'enfants qui
travailleraient de manière importante (source B.I.T).
A la tradition du " job " (voir travail des enfants
en Angleterre) vient s'ajouter la précarité d'une
partie de la population (selon les statistiques
publiques, six millions d'enfants vivent dans la
pauvreté, surtout parmi les minorités noires et
hispaniques).
Selon un rapport de Human Rights Watch, qui qualifie
le travail effectué par les enfants de "dangereux et
exténuant", les accidents de travail sont fréquents,
et notamment les blessures sur des outils. Alors que
le salaire horaire minimum en vigueur est de $5.15,
ces enfants sont parfois payés un ou deux dollars de
l’heure. Ils ne bénéficient d’aucune couverture
sociale, et très souvent ne sont pas scolarisés,
étant donnée l’impossibilité de concilier vie
scolaire et travail dans les champs.
Cette exploitation constitue dans les faits une
forme de discrimination raciale, puisque, comme
l’explique le rapport, "sur tout le territoire, on
estime que 85% des saisonniers et ouvriers agricoles
appartiennent à des minorités raciales". En Arizona
par exemple, 99% des travailleurs dans les champs
sont d’origine "latino".
Les enfants qui travaillent sont souvent ceux des
working poors (travailleurs pauvres occupant des
emplois précaires - problème qui commence à toucher
la France), des familles monoparentales, des
immigrés récents ou clandestins et des familles de
chômeurs. Ces enfants gagnent un peu d'argent comme
livreurs de pizzas, serveurs de fast-food, laveurs
de voitures, employés de supermarchés, voire
d'ateliers de confection.
Les législations sur l'âge minimal, les horaires,
les salaires ou les manipulations de certains outils
varient selon les États, mais les infractions sont
nombreuses : les contrôles fédéraux en ont relevé 42
000 en 2006. Chiffre peut-être plus révélateur : 227
000 enfants ont été victimes d'accidents du travail
dans la période 1985-2005 (CISL - 2006), en majeure
partie dans l'agriculture. Ce secteur emploierait en
effet jusqu'à 800 000 enfants, selon une estimation
de la United Farmworkers Union (syndicat des
travailleurs agricoles).
Ces enfants travaillent dans les grandes
exploitations de fruits, de houblon ou de légumes
des États du sud (Floride, Californie…). Ils sont
surtout issus de familles d'ouvriers agricoles
hispanophones, dont le revenu n'excède pas 6 000
dollars par an (environ 6 100 €) contre 28 000
dollars pour une famille américaine moyenne (environ
28 200 €).
Rappel de la réglementation
Le chapitre
consacré au « travail des enfants » du « Fair Labor Standards Act » (FLSA) vise à
protéger les jeunes travailleurs de moins de
18 ans. Il est interdit de faire effectuer
un travail à des jeunes de moins de 18 ans
pouvant porter atteinte à leur éducation, à
leur santé et à leur développement. Des
plages horaires sont déterminées ainsi
qu’une liste d’activités considérées plus à
risque. Le « Hazardous Orders » (HOS)
identifie une liste d’occupations
considérées dangereuses pour les jeunes
travailleurs. Notons que les restrictions
sont moins importantes en agriculture. La
plupart des restrictions ont été élaborées
entre 1939 et 1963 et ne tiennent donc pas
compte des mutations du monde du travail.
Depuis 1970, seulement deux d’entre elles
ont fait l’objet d’amendement. Par exemple,
dans les secteurs d’activité autre que
l’agriculture, il est interdit à un jeune de
moins de 18 ans de travailler dans les mines
de charbon, d’effectuer des opérations de
démolition, de toiture ou d’excavation.
L’utilisation de certaines machines
dangereuses tels les scies électriques, les
machines à couper la viande, les charriots
élévateurs est également interdite au moins
de 18 ans. D’autres restrictions
s’appliquent aux jeunes travailleurs âgés de
14-15 ans telle l’utilisation de tondeuses,
de coupe-bordure, le travail sur des
échafaudages ou avec des échelles. En
agriculture, la loi fédérale ne prévoit
aucune restriction pour les jeunes
travailleurs âgés de 16 à 17 ans.
En 1998, le « National Research Council/Institute
of Medicine Reports, Protecting Youth at
Work » recommandait une mise à jour et une
révision des différentes restrictions
concernant le travail des mineurs. Un
rapport comprenant 54 recommandations a été
publié en mai 2002. À ce jour, aucune
modification n’a été faite à la
réglementation protégeant les jeunes
travailleurs américains.
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